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Le Covid-19 met l'économie mondiale à genoux, l’opportunité pour un nouveau départ ?


Anne-Catherine Husson-Traore,  @AC_HT, Directrice générale de Novethic


"Pour arrêter le virus, il faut tuer l’économie", a dit un expert financier américain. C’est le remède appliqué par des pays de plus en plus nombreux. Les bourses dégringolent, les entreprises ferment les gens se confinent et le moteur économique qu'est la consommation dans les pays développés est à l'arrêt. Quelle sera la nature du jour d'après selon l'expression utilisée par Emmanuel Macron ? Plus durable ou pas ?Le risque sanitaire est maximal et le tribut économique payé par l'économie mondiale au COVID 19 colossal. Tout s'est arrêté puisqu'il faut stopper la vie urbaine pour ne pas risquer la mort mais cette sidération entraîne le même phénomène dans des activités plus immatérielles, moins d’investissements, arrêt des fusions-acquisitions... Cette équation met en péril tout l’échafaudage de l’économie et de la finance mondiale et, chose inimaginable il y a quelques mois, des gouvernements libéraux changent complètement de discours.En Belgique, le ministre fédéral du budget déclare que la santé prime sur l’économie. En France, le Covid-19 a eu le pouvoir de suspendre la réforme des retraites que n’avaient pas eu des semaines de grève des transports et de manifestations. Les experts de la lutte contre le changement climatique, de la protection de l’environnement ou des inégalités sociales ont tous le même discours : le Covid-19 n'est que la première crise de cette ampleur et elle nous permet de constater l'absence totale de résilience de notre économie à ce choc sanitaire.Anciennes recettesCe stress test planétaire est l’un de ces risques ESG (Environnementaux, sociaux et de Gouvernance) annoncé dans de très nombreux travaux liés à la finance durable qui convergent sur la même idée : le coût de l’inaction est bien plus élevé que celui de l’action et de l’anticipation. Le stress test coronavirus est cruel pour les économies développées. Pour les sauver, les grands moyens sont mis sur la table pour limiter les faillites et être en capacité de faire repartir la machine plus tard. Mais, premier enseignement de l'injection massive de liquidités sur les marchés financiers, les vieux remèdes, appliqués en 2008, ne fonctionnent pas.Logique puisque le virus a, de fait, mis à l'arrêt le principal moteur de croissance dans de nombreux pays développés : la consommation (53 % du PIB français en 2017, plus des deux tiers du PIB américain). La plupart des politiques mises en œuvre tentent, depuis plus de 30 ans, de colmater les voies d’eau du bateau économie en espérant que les Trente Glorieuses reviennent un jour. Le Covid-19 met fin à ce mirage et nous permet de rappeler l'addition environnementale et sociale que laisse ce modèle très consommateur de ressources naturelles, insoutenable à près de 10 milliards d’habitants sur la planète.Et si on essayait de voir ce virus comme une opportunité que le jour d'après ne soit pas comme le jour d'avant, selon l’expression utilisée par le président Macron lors de son allocution du 16 mars ? Concrètement cela signifie repenser le modèle et utiliser toutes les instances pour le faire. Sur la santé, le COVID-19 montre que la priorité est des hôpitaux suffisamment solides pour absorber des chocs de cette nature, c’est-à-dire des guerres sanitaires.Préparer la paixSur le climat, la mise à l’arrêt d’une production mondiale délocalisée où les marchandises traversent les mers et les airs pour coûter moins cher aux consommateurs occidentaux a eu un premier bénéfice mesurable : une baisse drastique des émissions. Sur la pollution automobile, le confinement la limite tout aussi spectaculairement !L’idée n’est évidemment pas de continuer à se confiner quand cela ne sera plus nécessaire mais d'imaginer que le Covid-19 nous offre une chance de penser en dehors du cadre et de construire une nouvelle économie basée sur d'autres principes que celle qui domine à l’heure actuelle, circulaire, locale, digitale et exigeante en ressources humaines.Si nous sommes en guerre, il y aura donc une paix et il faudra trouver nos plans Marshall version 21ème siècle : des "green deal", une transition juste… Les plans existent déjà, les études risques/opportunités aussi, les données scientifiques sont disponibles, les expérimentations en cours dans de nombreux pays du monde... Nous avons donc les moyens d'essayer. Si, en revanche, on fait le choix de reconstruire à l'identique un modèle planétaire si fragile, nous serons chaque fois plus affaibli par chaque crise plus grave que la précédente, qu’elles soient climatiques, environnementales, sociales...

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