La Fabrique Vitry en Mieux
une association politique ouverte, écologiste, citoyenne, engagée
Discours de Frédéric Bourdon 6 mars 2020
Mesdames et Messieurs,
« Des gens souffrent, des gens meurent, des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous parlez c’est d’argent, du conte de fées d’une croissance éternelle. Comment osez-vous ?»
Ces mots sont ceux de Greta Thurnberg le 23 septembre dernier à l’ONU. Ils disent à quel point la jeunesse nous rappelle qu’il est urgent d’agir.
Les urgences sont multiples :
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l’urgence climatique (chaque jour la presse relaie les appels des scientifiques qui nous alertent : ils parlent d’effondrement, d’extinction de masse) : le dérèglement est planétaire et la cause est l’activité humaine liée au capitalisme sauvage. Les modèles de production et de consommation sont fous, aberrants. Au nom du profit, on exploite et on tue le vivant (à coup de pesticides, de monoculture, d’incendies, de bétonisation, de projets inutiles). On exploite plus que ce que la Terre peut produire : et pourtant nous n’en avons qu’une ! Nous en voyons des conséquences ici à Vitry : chaque année nous enregistrons de tristes records : 42.6° à l’ombre en juillet dernier à Vitry, mais aussi des tempêtes à répétition cet hiver et des crues exceptionnelles ces dernières années. Le dérèglement climatique nous le vivons aussi !
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L’urgence sanitaire liée aussi à nos modes de production : l’usage de plastiques, de pesticides, de la chimie, la production intensive et trafiquée d’aliments, la surconsommation de viande et la maltraitance animale, notre dépendance au pétrole en particulier dans nos déplacements, tout cela provoquant des maladies chroniques et respiratoires graves et même des modifications génétiques.
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l’urgence sociale : jamais les inégalités n’ont été aussi fortes dans le monde et en France et nous le constatons aussi à Vitry avec plus de 21% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, ici aussi nous subissons des formes multiples d’oppression et de domination, celles relevant du productivisme patriarcal, du reliquat du colonialisme, du capitalisme.
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l’urgence solidaire : la société de consommation nous fait l’apologie de l’individualisme (consommez plus, c’est mieux)…et puis on constate le repli sur soi, la haine de l’autre, le déni d’hospitalité et de fraternité comme en ce moment aux portes de l’Europe où ceux qui fuient les guerres, famines, les conséquences du dérèglement climatique sont refoulés, battus, chassés, mais l’année dernière aussi à Vitry quand des migrants étaient installés dans l’ancien collège Monod.
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l’urgence démocratique : nous constatons depuis des dizaines d’années, dans notre pays qui se targue d’être celui des droits de l’homme, un recul profond des libertés regardez comment est considéré le droit à manifester, le dégoût de nos concitoyen.ne.s pour la politique et la chose publique – constatez la démobilisation citoyenne quand on nous appelle aux urnes, et le manque de participation des citoyens aux prises de décisions locales…
« Comment osez-vous prétendre, disait Greta, que cela puisse être résolu avec les solutions habituelles et certaines solutions techniques ? »
Voilà ce qui doit déterminer notre choix dans cette élection municipale.
Regardez les politiques que portent les listes concurrentes : Le maire sortant estime que l’on règle la problématique déchet en créant une usine-aspirateur, des candidats de droite estiment que faire de l’écologie c’est développer de nouvelles technologies de smart city. Eux tous défendent le projet de construction de l’incinérateur à Ivry qui coûte 2 milliards d’euros d’argent public, qui continuera à brûler nos poumons alors que des alternatives existent. C’est pourtant, tout technique et rutilant que cela paraisse, le logiciel de pensée forgé par le XXe siècle, celui qui pense que la prédation et l’exploitation du monde du vivant doit se faire au service de l’humain. Au contraire nous pensons que l’humain est un des éléments du vivant et que son activité et ce qu’il produit doit s’intégrer dans un modèle sobre qui entre en adéquation avec son milieu.
C’est par ce prisme que nous incarnons l’alternative politique à Vitry.
J’aimerais vous donner quelques exemples de ce que peut être l’avenir à Vitry en changeant de modèle.
Pour chaque projet, nous devons nous assurer du cercle vertueux qu’il crée pour la planète, pour notre santé et notre vie sociale.
Créer des jardins partagés dans chaque interstice de la ville, c’est permettre de recréer un nouveau lien social entre voisins, permettre de produire ses propres légumes en bas de chez soi plutôt que d’acheter ceux qui viennent de loin servis dans des plastiques, c’est nous reconnecter nous et nos enfants à la Terre, c’est faire baisser la note de nos courses, c’est diminuer l’achat d’emballages et de suremballages…voilà un cercle vertueux
Autre exemple les commerces :
Promouvoir et diversifier les commerces de qualité et de proximité: c’est dynamiser un vecteur de lien social, c’est attirer et créer de l’emploi localement, une manière de diminuer l’usage de la voiture, plutôt que d’aller dans les centres commerciaux. Pour cela faut une politique forte et impliquée en permettant, par exemple, aux petits commerces de profiter de la commande publique de la collectivité, de tisser un lien particulier en fidélisant les vitriots grâce une monnaie locale, en impliquant les principaux bailleurs de la ville, en conventionnant avec les commerces pour des pratiques responsables …voilà encore un lien vertueux. Et parce que cette politique ne doit pas se faire sans les habitants, nous annonçons que lors des 100 premiers jours de notre mandat nous associerons les vitriots de chaque quartier aux assises du petit commerce pour que chacun et chacune participe à la vision du tissu commerçant qu’il souhaite à côté de chez lui ou de chez elle.
Parlons alimentation :
Consacrer un tiers du parc des Lilas à la production maraîchère permettra d’alimenter en direct et en bio les cantines scolaires de Vitry. Cela doit nous permettre de créer de nouvelles filières éducatives en permettant à tous les scolaires de notre ville d’apprendre à cultiver à aimer manger sainement, en percevant la valeur d’un aliment qu’on ne gaspille pas, c’est créer des filières de formation et d’emploi 100% vitriotes dans le maraîchage. Avec ce projet, le geste pour la planète c’est couper notre dépendance au pétrole en arrêtant de faire venir les produits de loin et en supprimant l’usage du plastique. Et parce que ce modèle de production est vertueux et moins coûteux, il nous permet d’appliquer une tarification sociale plus juste sur les repas : nous nous engageons à ce que 80% des familles payent le repas à un 1€ maximum. La tarification sociale de l’ensemble services municipaux (écoles de musique et d’art, séjours vacances, pratiques sportives) doit être revue, car le système actuel basé sur le QF est injuste : il faut donner de l’air aux familles pour lesquelles les fins de mois deviennent impossibles.
En parlant de donner de l’air, Vitry peut jouer un rôle essentiel pour lutter contre la pollution de l’air, en montrant la voie à l’échelle métropolitaine. Pire que le tabagisme, la pollution atmosphérique tue 5000 franciliens chaque année prématurément et provoque des milliers de malades chroniques, en particulier les nouveaux-nés. Pour eux nous devons repenser l’ensemble de l’aménagement de nos espaces publics, en augmentant la part modale des déplacements doux : piétons, vélos, trottinettes, poussettes, fauteuil roulants. Les experts nous disent que cela coûte moins cher pour les collectivités, que l’on peut gagner du temps en zone urbaine dense quand on laisse la voiture, que l’on dépense moins d’argent, et que c’est créateur d’emploi. Voilà un sacré cercle vertueux.
Nous nous engageons dans les 100 premiers jours suivant l’élection à signer l’arrêté Zone à faible émission accompagnée de mesures sociales, et nous ouvrirons la concertation pour le lancement d’un plan ambitieux des mobilités douces.
Prenons aussi la question des déchets :
Les déchets doivent être considérés comme une source à revaloriser : ce sont des mines d’or pour notre économie sociale et solidaire. 1/3 de nos poubelles doivent être collectées à part, ce sont les biodéchets, ils permettent de faire du compost ce qui d’ailleurs sera fort utile pour les maraîchers du parc des Lilas. Encore un cercle vertueux !
Et plutôt que de pousser à plus jeter dans un aspirateur à déchet nous souhaitons mailler notre territoire de ressourceries. Elles faciliteront le réemploi des biens plutôt que d’acheter neuf. C’est aussi une manière d’endiguer des dépôts sauvages qui balafrent notre ville et donc d’œuvrer à plus de propreté et à une ville plus belle. C’est diminuer ses factures et c’est créer de l’emploi, de l’emploi local qui ne partira pas de l’autre côté de l’Europe ou de la planète.
En parlant d’emploi c’est l’un des gros sujets que nous avons à traiter ces prochaines années : avec 27000 emplois pour 44000 actifs il y a un fossé à combler. Nous le ferons comme j’ai pu en donner quelques exemples par la création d’emplois de l’économie sociale et solidaire et de la transition écologique (il faut créer de l’emploi pour isoler nos vieux bâtiments, pour accéder aux énergies renouvelables, pour développer une filière vélo et relancer le commerce de proximité). Mais nous devons aussi conditionner la création d’emplois aux constructions prévues dans le cadre du renouvellement urbain dans le centre-ville et de l’opération d’intérêt national aux Ardoines. Une nouvelle ville doit être construite dans la ville et de nombreux enjeux sont à rediscuter avec le Préfet sur les nouveaux équilibres que nous souhaitons. Pendant 6 ans nous n’avons eu de cesse de le répéter en conseil municipal. Le projet actuel n’est pas bon. C’est ce que nous nous engageons à faire dans les 100 premiers jours suivant l’élection de notre équipe, en rediscutant les équilibres entre emplois et logement, entre constructions et pleine terre et nature en ville, entre logements et équipements de services publics : parce que nous ne voulons pas de ville dortoir. Bien sûr il y a un enjeu financier dans nos échanges avec l’Etat, mais nous sommes prêts au lendemain des élections à mener le bras de fer, s’il le faut.
Un mot supplémentaire sur un sujet de taille : le logement social. Il ne s’agit pas seulement d’en faire un sujet chiffré comme aiment le faire les élus de la majorité sortante qui s’arc-boutent sur l’équilibre entre logement privé et social : nous y sommes aussi attachés et la barre des 40% de logements sociaux n’est pas un gros mot. L’un des sujets majeurs c’est le rééquilibrage du parc social dans la métropole du Grand Paris, avec des villes de droite qui ne respectent pas la loi : notre voix doit être entendue, nous la porterons au sein de la Métropole. La question est comment bien vivre dans le parc social, dans un rapport de confiance entre bailleurs et locataires (Semise et OPH en particulier). Comment faciliter les mutations dans les logements sociaux en permettant par exemple les échanges comme à travers la plateforme Echanger Habiter. Un sujet sensible que nous aurons à traiter concernera la fusion promise par la municipalité entre l’OPH et la Semise : la mise en débat public sera une étape nécessaire en même temps que l’étude de scénarios alternatifs en préservant l’outil public municipal. C’est là aussi un engagement des 100 premier jours.
Je disais tout à l’heure que notre logiciel de pensée était celui qui met l’humain en adéquation avec son milieu. C’est ce que doivent permettre l’éducation, la culture comme ouvertures sur le monde, comme formes d’émancipation, de lien social. Mais ce sont aussi de formidables outils qui doivent nous préparer, nous et les futures générations à affronter les enjeux de notre époque. Il existe de nombreux outils d’expression, les arts et les sports par exemple, pour travailler dans les quartiers, quels que soient l’âge, le genre, la religion, l’origine sociale ou culturelle, le handicap, à répondre aux enjeux de solidarité.
Les associations, comme les collectifs sont des formes démocratiques qui méritent toujours plus d’être accompagnées : elles en ont besoin, et pas seulement avec des subventions. Parfois il suffit d’une écoute attentive, de moyens humains ou de la mise à disposition de locaux, de la confiance mise par la collectivité dans un projet proposé. Les associations participent au principe de solidarité, à l’échange et au partage dont nous avons grandement besoin dans notre ville.
Comme nous l’avons porté dans l’élaboration de notre programme, tout au long de la campagne, nous faisons de la participation citoyenne le fer de lance de notre politique municipale.
Notre ville foisonne de créativité, d’énergie, de talents, pour changer Vitry en mieux c’est le carburant.
C’est le cas quand nous parlons de la tranquillité publique, plutôt que d’être d’abord imaginée à grands renforts d’outils comme les caméras, elle doit être une préoccupation partagée. Oui c’est à l’Etat que revient la responsabilité de la sécurité sur notre territoire. Mais la collectivité, via sa police municipale, via des associations de prévention de jour et de nuit, via l’implication des citoyens des quartiers au sein d’un observatoire de la tranquillité publique doit permettre à ce que le travail d’éducation, de suivi de prévention et de verbalisation puisse se faire de façon optimale.
Dans les 100 premiers jours de notre mandat, nous nous engageons à tirer un bilan actualisé des polices municipales, nationales et de la protection judiciaire.
De même la question de la propreté doit être abordée de manière transversale en mêlant élus, habitants et services de la ville.
Alors oui nous nous présentons aux élections municipales pour représenter une majorité de vitiots. Mais à travers cette démocratie représentative, nous nous engageons à développer la démocratie participative, avec plus d’horizontalité dans les prises de décisions. Les habitants ont besoin de transparence pour l’attribution de logements, de places en crèche, des subventions aux associations. Ils ont besoin d’être d’abord écoutés et entendus qu’ils soient citoyens, usagers de services publics ou locataires. Les outils existent pour créer du lien entre élus et citoyens, ils existent aussi pour permettre aux habitants de prendre des décisions comme par exemple le droit de saisine du conseil municipal, le référendum d’initiative citoyenne, des budgets participatifs, ou des conseils de quartiers revitalisés et animés par les habitants.
Cela ne peut pas être une boîte de communication qui imagine Vitry, c’est aux habitants de le faire !
Et quand, il y a quelques mois, le maire sortant refusait d’organiser un référendum d’initiative populaire, comment croire qu’il puisse prendre l’engagement d’en organiser lors du prochain mandat ?
Pour libérer les énergies citoyennes, les élus devront constamment être à l’écoute des idées, des propositions, et des critiques : à l’écoute dans un rapport bienveillant aux habitants ! Les élus ne peuvent être au service d’un parti ou d’un clan.
Notre ville a trop longtemps subit l’hégémonie d’un parti qui a cadenassé la majorité municipale jusqu’à la surdité et le refus du débat contradictoire.
Il faudra accepter qu’un projet puisse faire l’objet de modifications au fur et à mesure de sa réalisation.
En un mot, ils et elles doivent être les animateurs et animatrices de la démocratie locale au service des habitants.
Et puis le rôle du maire c’est celui d’animer l’équipe municipale dans sa diversité, c’est faciliter le pluralisme, c’est créer du liant, de la cohésion entre les élus mais aussi entre les élus et les services de la ville, entre eux et les habitants.
Ces futurs élus du conseil municipal je souhaite qu’on les salue, qu’on les applaudissent (ils et elles s’appellent Laurence, David, Karen, Ryadh, Nina, Jacques, Naïga, Hugo, Annick, Bertrand, Katia, Amar, Anissa, Helmi, Françoise, Frédéric, Sylvie, Emmanuel, Aminata, Stéphane, Patricia, Jean, Catherine, Fakihi, Pauline, Paul, Laëtitia, Nicolas, Aïcha, Franck, Sandrine, Christophe, Victoria, Didier, Marianne, Gaëlle, Géraldine, Jean-François, Juliette, Olivier, Monique, Yves, Nathalie, Claude, Fatiha, Norbert, Paule, Didier, Dominique, Hugues, Salimata, François, Jeanine, Francis). Ils prennent solennellement un engagement fort pour l’ensemble de la population et ces six prochaines années : celui d’apporter un changement radical dans la manière d’associer les habitant.e.s aux prises de décisions, dans la manière de construire la ville, de transformer notre vie et nos liens.
Ils sont à l’image de la ville, de nos quartiers de notre diversité. Certains ont déjà l’expérience d’avoir été élus, et toutes et tous sont engagés à lutter contre les injustices sociales et environnementales, en tant que militant, associatif, syndicaliste, ou professionnels. Nous avons fait le choix pour qu’à vos côtés nous changions la ville.
Nous en prenons toutes et tous l’engagement !
Maintenant j’ai plaisir à passer la parole à Jacques Perreux. Il a montré la voix il y a six ans en conduisant une liste citoyenne et écologiste, son expérience nous a été précieuse pendant tout le mandat (je peux en témoigner) pour suivre les sujets, être attentifs, taper du poing sur la table, mener et gagner des batailles politiques. Et avant de te laisser dire un mot je voudrais personnellement te remercier pour le moteur qui tu as été durant toute cette campagne, tant sur la ligne politique qu’en l’investissant dans la rue, dans les ateliers, auprès des habitants. Merci aussi Jacques pour tout ce que tu m’as communiqué et ce que tu véhicules de positif au sein de la liste.