Intervention de Naïga Stefel au Conseil départemental du 18 octobre
"J’ai un voisin robuste,
Un marronnier,
Il a mon âge mais ne le paraît point. Il héberge des passereaux, des merles, (…)
Il vit mal. Les trams numéro huit et numéro dix neuf
Lui écrasent les racines toutes les 5 minutes ; Il en demeure abasourdi
D’année en année, il aspire de lents poisons
Du sous-sol saturé de méthane ;
Et la poussière septique des allées
Bouche les rides de son liège (…) Néanmoins, dans son vieux cœur de bois, Il s’émeut et jouit du retour des saisons." Par ces quelques phrases choisies Primo Levi, témoigne, non sans regret, de la dureté infligée à l’arbre de la ville. Ce n’est pas chose nouvelle ! Pourtant le poète, rappelle combien il est protecteur de vies, animales, florales et ô combien il contribue au bien-être de l’humain. Nous pouvons aussi ajouter aujourd’hui que l’arbre est vu comme un formidable outil de transition écologique, car il capte le carbone, là où nous en produisons par nos déplacements, notre chauffage, notre consommation de biens, et bien d’autres activités liées au système productiviste et extractiviste que nous subissons. Voilà pourquoi, sur un aspect totalement comptable, indiquer la plantation de 50000 arbres paraît aller dans le bon sens,je vous l'accorde. C'est une belle initiative accompagnée d'un bon coup de communication, mais si nous sommes sur un rapport chiffré, mettons ce nombre de 50000 en perspective avec la cible à atteindre. Sachant que nous sommes 1,5M dans notre département, qu'un arbre, dans le meilleur des cas, capte en moyenne 25 KG de CO2 par an, que ces arbres plantés durant ces 6 prochaines années, n’atteindront leur pleine capacité de capter de carbone, de maintenir les sols, d’accueillir du vivant que dans 15 ou 20 ans,nous sommes d'accord que nous en sommes bien en dessous des objectifs à atteindre. Je rappelle au passage que les engagements européens pris ont porté sur une diminution d'ici a 2030 d'au moins 55 % des émissions de Gaz a effet de serre par rapport a 1990. La marche à passer est donc bien au-dessus du cap que vous fixez, et ce n’est pas faire de la surenchère que d’attirer votre attention, sur le fait que le curseur doit être élevé. Car en même temps que nous devons pousser à une diminution de la production de carbone, nous devons aller très loin vers la captation naturelle de celui-ci. Nous devons multiplier et développer les zones qui favorisent la vie en faisant de l’arbre le pilier de la renaturation de nos villes. Ceci passe donc par un travail qualitatif et non seulement quantitatif. Nous le savons, malheureusement, trop de produits tuent à petit feu nos arbres, quand, par exemple l’hiver les rues de nos villes sont salées, quand les pollutions aux pesticides des champs à des dizaines de kilomètres viennent contaminer la vie jusque dans nos zones urbaines denses. Et puis comme aurait pu l’indiquer Primo Lévi s’il avait pu écrire de notre temps, c’est aussi trop souvent le béton qui écrase ses racines, ses ramages que l’on coupe au carré, le venin des sols pollués qu’on lui laisse s’administrer. Il y a un vrai enjeu de respect du vivant que ces 50000 plantations nous donne l’occasion de travailler de concert avec les collectivités locales et associations du département. Par exemple autour d'un travail commun de révision de la charte de l'arbre écrite en 2015, sur la volonté de combler les carences en arbres de certaines commune.Il en va de notre avenir et celui de nos enfants
Et je voudrais finir par un dernier point. Sur ce sujet rien n’est plus important que de faire entendre que L'humain et l'arbre appartiennent au même monde : celui du vivant. Nous devons travailler à un rapport différent à l’arbre qui ne peut être uniquement considéré comme un mobilier urbain, un simple outil de transition écologique mais bien comme un être vivant à part entière, ce qui nous conduit légitimement au devoir de veiller a son bien être. Il est symbolique de lier une vie humaine à celle de l’arbre et je salue l’initiative prise à Arcueil, par exemple, de lier chaque naissance à la plantation d’un arbre. Mais il y a beaucoup d'autres initiatives à mettre en place pour travailler avec toutes les générations sur la prise de conscience de cette notion. Vous l'aurez compris meme si nous saluons l'initiative ,elle demeure beaucoup trop faible et manque a notre sens d'ambition, en l'état elle ne nous parait pas un aboutit, mais étant conscient des besoins urgent du departement sur le sujet ,apres hesitation nous votons finalement pour.Nous esperons neanmoins des efforts supplementaires sur la question durant votre mandat ,et nous serons particulierement vigilant sur le sujet. Je vous remercie. Naïga
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